L’Univers est un oeuf : Kalpa

Le monde et sa création

De la même manière qu’il est le créateur de son propre panthéon, le divin génère et organise le monde en une création originale reposant sur des éléments précis et incontournables. Pour qui veut comprendre la spiritualité hindoue, il est essentiel d’entrer plus avant dans cet univers défini par Dieu, auquel se rattachent toutes les composantes de la destinée humaine. Brahman est le principe divin originel. Il est animé d’un rythme : à chacune de ses inspirations il crée l’univers, puis lors de chaque expiration il le détruit. Ainsi le cosmos et l’espace sont-ils éternellement renouvelés. Création et dissolution alternent sans fin, comme l’inspir et l’expir du souffle divin. Elles se succèdent en une étonnante complémentarité, passant du non-manifesté au manifesté, du multiple à l’Un. Il en va de même pour l’homme, microcosme à l’image du macrocosme, dont le corps est étroitement lié aux rythmes de l’univers, qui passe de la vie à la mort au fil des incarnations.

De fait, avant ce que l’on nomme la Création il existe un état que l’on assimile à la « non-connaissance », au « non-manifesté ». C’est l’essence divine de Brahman qui crée l’étincelle et enclenche le processus de création ».

L’essence de l’ego va poindre ensuite pour devenir la conscience du moi individuel, et enfin un continuum matériel, impondérable, le pradhâna qui couvre l’espace et porte en soi les trois gunas. Ces gunas qualifient la substance primordiale. Ce sont : sattva, principe lumineux, rajâs principe affectif et tamas, principe ténébreux.

L’Akaça ou éther, le continuum matériel, d’une extrême subtilité, donne naissance aux quatre éléments : air, feu, eau et terre. De leur combinaison naît la Vie, constituant l’oeuf de Brahman. C’est le dosage des trois gunas et des quatre éléments, y compris l’akaça, qui façonne le monde phénoménal. Ce mélange crée des corps matériels de plus en plus épais. Le sattva oriente l’âme vers le Brahman tandis que le rajâs et le tamas l’en détournent. Les gunas sont les facteurs des aspects inégaux de l’activité humaine, du Monde des Noms et des Formes, mais tout est Brahman, fait partie de Lui. Le monde est le Brahman mais le Brahman sert d’âtman à l’univers.

Le Brahman est non-manifesté dans le premier temps quand sommeille, encore virtuel, le monde des Noms et des Formes. Il est la Cause. Dans le deuxième temps, il est le Brahman manifesté, l’Effet, et ce jeu des Causes et des Effets, du Purusha et de la Prakriti, n’est autre que le mouvement cosmique. Dans l’éternité alternent le Brahman manifesté et le Brahman non-manifesté. Le Pralaya ou dissolution universelle, permet de dire que tous les effets sont irréels puisqu’ils se réabsorbent dans leurs causes. Solange Lemaître, op. cit.

De cet « œuf cosmique » naît un univers dans toute sa complexité, dont la partie supérieure est constituée de sept étages célestes — dont le plus élevé est le séjour du Brahman — et la partie inférieure d’autant d’étages souterrains — dont le plus bas est le séjour des châtiments (naraka). La Terre est habituellement située entre ces deux parties de l’oeuf de Brahman ; on lui donne la forme d’un disque au centre duquel se dresse le mont Meru, auréolé d’un prestige sans égal car il est considéré comme le pivot du monde. Disposées autour de lui aux quatre orients, on distingue quatre îles-continents, appelées dvîpa. Dans une version ultérieure (celle des Pûranas), on désignera sept îles et océans concentriques autour du Meru.

Avec cette définition complexe de l’univers, la cosmologie hindoue, en dessinant ses limites dans l’espace, affirme une certaine forme de matérialité et s’ancre dans le concret, donnant aux spéculations des sages une consistance « palpable ». Par voie de conséquence, l’espace étant indissociable du temps, apparaît la notion d’ « âges du monde », qui met en scène une succession d’ères cosmiques appelées kalpa. Chacune d’elles — depuis la création d’un monde jusqu’à sa dissolution — est considérée comme un jour de la vie de Brahman.

Chaque kalpa est composé de mille « grands âges », chacun d’eux étant à son tour divisé en quatre « âges », ou yuga précisément définis : l’âge parfait, le troisième yuga, le second yuga, et enfin le  kali-yuga, ou âge mauvais. Du début à la fin de chaque monde, c’est donc d’une dégradation dont il s’agit, allant du meilleur au pire. Présentement, notre humanité est justement dans ce quatrième yuga, comme le souligne fort à propos Louis Renou : Le kali-yuga se caractérise par une déperdition des « trois quarts » du dharma existant à l’âge parfait, ce qui a pour corollaire les guerres, les fléaux, les vices, les morts pré­coces que nous voyons autour de nous. La courbe de l’humanité actuelle, comme d’ailleurs celle des humanités passées et futures, marque une évolution régressive, aboutissant à des « dissolutions intermédiaires » — incendies, suivis de déluges ; à la fin des temps vient la « grande dissolution » (mahâ-pralaya) qui coïncide avec la fin de la vie de Brahman ; le monde se résorbe en Brahman par un processus involutif jusqu’à l’éclo­sion d’un nouvel œuf cosmique.

Des nombres clés de la Tradition primordiale : 54,108, 432

Le temple de Borobudur à Java, construit au IXe siècle de notre ère, compte 72 statues de Bouddha sur chacun des quatre côtés de sa tour centrale, soit 432 Bouddhas au total. Sur les trois étages supérieurs du temple se trouvent 72 bouddhas supplémentaires à l’intérieur de stupas percés, ce qui porte le nombre total à 504. Rien de tout cela ne peut être le fruit du hasard, ce qui suggère que nous devrions peut-être chercher ici des preuves tangibles des origines de cette profonde compréhension sacrée des nombres cosmiques, dérivée des synchronisations entre le triple cycle d’éclipses saros de 54 ans et un « siècle » précessionnel de 72 ans.

Le temple de Borobudur représente la montagne cosmique Sumeru, nom bouddhiste du mont Meru, qui, dans la littérature védique, est située à l’extrême nord de l’Inde, soit dans les monts Tian Shan en Chine, soit dans les monts Altaï du sud de la Sibérie et de la Mongolie. Est-ce à ce moment-là que nous trouverons les origines de ces séquences de nombres cosmologiques ? Comme nous l’avons vu, 432 est la durée d’une période cyclique complète dans la tradition calendaire altaïque, et pourtant, tout comme à Borobudur, avec ses 72 bouddhas supplémentaires, le cycle altaïque prévoit une période supplémentaire de 72 ans, ce qui porte le nombre total à 504. Ainsi, à Borobudur, nous voyons le concept du temps cosmique non seulement encapsulé dans la pierre, mais aussi envisagé comme tournant autour d’un point de pivot vu en termes d’axis mundi, ou axe de la terre.

Le fait que les astronomes grecs qualifiaient le cycle du triple saros d’exeligmos, du grec exelimos, qui signifie « tourner ou faire tourner la roue », est une indication de l’architecture bouddhiste de Borobudur, qui représente physiquement le Sumeru.

MONT MERU

Le Mont Meru, ou Sumeru, était un concept basé sur l’idée que l’axe cosmique, le point de rotation des cieux, tournait autour d’un mécanisme semblable à un pivot fixé à la terre. Ce mécanisme était le plus souvent imaginé sous la forme d’une montagne ou d’un arbre, qui pouvait être remplacé au besoin par une simple perche ou un poteau afin qu’un chaman puisse l’escalader pour accéder au monde du ciel. Un certain nombre de sites montagneux ont été identifiés au mont Meru. Par exemple, le peintre et voyageur russe Nicholas Roerich (1874-1947) a identifié le plus haut sommet de la chaîne de l’Altaï, Belukha, avec Sumeru, la forme bouddhiste du mont Meru, et l’on peut relier directement Belukha à Meru. Il est intéressant de noter que Belukha est le nom russe de la montagne ; dans la tradition turque, il s’agit d’Uch-Sumer, qui signifie « trois pics », ou d’Umai-Uch-Sumer, le « ventre des trois pics », une référence à son rôle de mère de la terre, Umai Ana, dont le totem principal est le cygne. Elle est bien sûr l’épouse du dieu du ciel Tengri, dont le totem est l’oie blanche.

Il faut souligner l’importance d’une autre montagne sacrée appelée Khan Tengri, qui devient un autre candidat pour le mont Meru. h est un sommet important de la chaîne du Tian Shan en Asie centrale, et a été le centre du culte du dieu Tengri depuis des temps immémoriaux. À cette liste de montagnes mondiales potentielles, nous pourrions ajouter le pic Bogda dans la chaîne des Bogda Shan, une extension orientale des monts Tian Shan. C’est un candidat possible pour la montagne cosmique chinoise nommée Kunlun, qui était la demeure de la déesse Hsi Wang Mu, la Grande Mère de l’Ouest.

LE CENTRE DE L’ASIE

Bien que tous ces sommets puissent être considérés comme sacrés et définir une partie de la « pépinière altaïque », comme l’appelle Ashe, ils ne sont que des représentations physiques d’une montagne cosmique conceptuelle. Il est peut-être erroné de désigner une montagne comme marquant le centre absolu de la terre, autour duquel les cieux sont considérés comme tournant. Néanmoins, un monument situé au sud d’Ûrümchi, la ville des sables au bord du bassin du Tarim, est censé marquer le centre de la masse continentale asiatique. D’autres monuments similaires existent dans la région. L’un d’entre eux, situé plusieurs centaines de kilomètres plus au nord, à Kyzyl, la capitale de la République de Touva, est connu sous le nom de monument du Centre de l’Asie. Il s’agit d’un grand obélisque en forme de poteau sur un globe terrestre, avec un « cerf solaire » à son sommet. Il est évident qu’il représente l’axe de la terre. Un axis mundi original d’une extrême ancienneté existait-il donc quelque part dans cette région ? Cet endroit était-il la véritable source des histoires du Meru hindou et du Sumeru bouddhiste ? Pourrait-on le retrouver aujourd’hui ?

Le Touva est situé entre les montagnes de l’Altaï et le lac Baïkal, et dans la tradition chamanique touvane, la montagne cosmique est appelée Sümber-ula, un nom qui pourrait bien avoir des liens avec le concept bouddhiste du mont Sumeru. Les adeptes du tengrisme ou du bourkhanisme considèrent l’ensemble de la région de l’Altaï comme le « Kin-Altaï à douze facettes », ainsi que le « nombril de la terre ». On dit qu’elle est située à la base d’un arbre cosmique, Kangyi, l' »axe », qui coïncide avec la trajectoire de la Voie lactée et pénètre dans le monde supérieur par l' »étoile polaire », autrement dit le polestar, ce qui s’est produit pour la dernière fois lorsque le pôle céleste nord a traversé les constellations de Céphée, vers 20 000-15 750 avant notre ère, puis du Cygne, vers 15 750-12 750 avant notre ère. C’est peut-être pour cette raison que le mont Belukha, dans son rôle de montagne cosmique et de lieu de naissance du monde, est considéré comme une personnification de la mère cygne Umai Ana, car il y a toutes les chances que son association avec l’axis mundi, l’axe du monde, remonte à une époque où les étoiles de Cygnus, en tant que cygne céleste, commandaient la position du pôle céleste septentrional.

LE BARATTAGE DE L’OCÉAN DE LAIT

Il est très probable que la constellation du Cygne, et peut-être même une combinaison d’étoiles appartenant à la fois aux constelletions du Cygnes et à Céphée, ait formé le premier gardien aviaire de l’axe cosmique et le gardien du temps cosmique. En Égypte, ce rôle était joué par l’oiseau bennu, qui revenait d’Arabie à Héliopolis soit tous les 1461 ans, soit tous les 500 ans. Dans l’ancienne Mésopotamie, c’était l’oiseau Zu, tandis que dans la tradition védique hindoue, c’était l’aigle monstrueux connu sous le nom de Garuda. On dit qu’il a pris dans sa tare l’amrita (ou amrit), l’ambroisie ou nectar des dieux considéré comme l’élixir d’immortalité, créé lorsque 54 asuras (démons ou anti-dieux) et 54 devas (dieux) ont brassé l’océan lacté en tirant d’avant en arrière le corps du grand serpent Vasuki, qui s’était enroulé à cette fin autour du Mandhara, un éperon du mont Méru, semblable à un poteau.

Le concept de Samudra Manthan, le barattage de l’océan lacté, est exprimé par un symbolisme numérique approprié au Bayon, le grand temple situé au cœur du centre religieux d’Angkor Thom, au Cambodge, qui date de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle, pendant la période khmère. Ce magnifique ensemble de bâtiments était à l’origine dédié au dieu hindou Vishnu, mais a été transformé par la suite en temple bouddhiste. Comme Borobudur à Java, Angkor Thom fonctionne comme une représentation physique du Mont Meru, étant situé sur une île carrée entourée d’un grand fossé. L’entrée dans le complexe se fait par quatre ponts situés aux points cardinaux. Chaque pont présente des statues sculptées de 54 asuras d’un côté et de 54 dévas de l’autre. Ils sont représentés tenant le corps étendu du grand serpent Vasuki, qu’ils semblent tirer d’avant en arrière dans un jeu de tir à la corde inimaginable.

Il est très probable que le fait de tirer le grand serpent dans un sens, puis dans l’autre, était censé signifier la création d’un triple cycle saros de 54 ans par les asuras, suivi d’un autre cycle créé par les devas, impliquant ainsi 54 années d’obscurité suivies de 54 années de lumière, ce qui donne un cycle complet de 108 ans. La croyance standard concernant ce que le barattage de l’océan lacté représente en termes célestes suggère que la lutte entre les asuras et les devas signifie le mouvement du soleil et de la lune lorsqu’ils oscillent d’avant en arrière entre les solstices chaque année. Pourtant, cette oscillation perçue entre les extrêmes solaires et lunaires est très probablement liée, non pas au mouvement des corps célestes au cours d’une année, mais à leurs mouvements au cours de ce que l’on appelle le cycle d’immobilité lunaire. Ce cycle dure 18,61 ans, au cours desquels la lune se lève plus au nord ou plus au sud du soleil au moment des solstices, tandis que les neuf autres années, la lune se lève dans les limites des levers les plus au nord et les plus au sud du soleil à cette époque. Puisque la durée du cycle d’immobilité lunaire est similaire à celle du cycle d’éclipse de saros de 18 ans, cette interprétation du Barattage de l’Océan Lacté soutient l’idée que le récit des 54 asuras et 54 dévas tirant le grand serpent dans un sens ou dans l’autre se rapporte réellement à l’alternance entre les asuras et les dévas et à l’alternance entre les asuras et les dévas dans un sens ou dans l’autre. Soit les cycles d’obscurité et de lumière, chacun marqué par le début d’un triple cycle d’éclipses de saros d’une durée de 54 ans. De plus, un double cycle de 108 ans multiplié par quatre donne bien sûr 432 ans, soit la durée d’un « mini » Kali-yuga.

L’importance du nombre 432 au Bayon d’Angkor Thom est soulignée par l’addition successive du nombre d’asuras et de devas sur chaque pont, soit 108, 216, 324 et enfin 432, ce dernier chiffre constituant 4 périodes d’égale lumière et obscurité (108 ans x 4 = 432 ans). La seule complication dans cette synchronisation parfaite entre le temps cosmique et l’architecture sacrée est le fait qu’un cinquième pont d’entrée, la Porte de la Victoire, a été créé avec 54 asuras et 54 devas supplémentaires, portant le nombre total de statues à 540.

RAHU ET KETU

Donec Totum Impleat Orbem Augescit, donec totum luna impleat orbem

Le fait que l’histoire du Barattage de l’Océan Lacté fasse allusion à l’importance des cycles d’éclipses est mis en évidence par le fait qu’après la production de l’amrita, celle-ci est volée et consommée par un asura nommé Svarbhânu, qui a le corps d’un serpent. Le dieu Vishnu poursuit Svarbhànu et lui coupe la tête. Cependant, Svarbhànu étant désormais immortel, sa tête désincarnée continue d’exister, désormais sous le nom de Rahu (Rahula dans les récits bouddhistes), tandis que son corps serpentin prend le nom de Ketu. Rahu et Ketu deviennent alors les deux nœuds lunaires, qui sont toujours à 180 degrés l’un de l’autre, l’un dans le ciel du nord et l’autre dans le ciel du sud. Comme nous l’avons vu, ces points d’intersection entre les orbites solaire et lunaire, appelés respectivement nœud ascendant (Rahu) et nœud descendant (Ketu), définissent l’endroit où les éclipses solaires et lunaires peuvent se produire – la tête coupée de Rahu étant considérée comme la cause réelle des éclipses.

Il existe très clairement une relation entre la mythologie qui sous-tend l’établissement des nœuds lunaires et le cycle de 54 ans des triples éclipses de saros, raison pour laquelle les nombres 54 et 108 reviennent à plusieurs reprises dans l’architecture sacrée, non seulement à Angkor Thom, mais aussi à Angkor Vat, qui se trouve à proximité. Il s’agit d’un autre complexe de temples hindous et bouddhistes de la période Khymer, construit au XIIe siècle et représentant également le mont Meru. Ici, l’art et l’architecture mettent à nouveau en scène le nombre 54 et sa double forme, 108. Par exemple, le complexe, qui comme le Bayon d’Angkor Thom est de plan carré et entouré d’une douve carrée, est accessible à l’ouest par un seul pont allongé. Il est en deux parties, un serpent nàgà allongé formant la balustrade de part et d’autre de chaque partie. Les quatre nàgàs sont soutenus par 54 balustrades, soit 108 par section et 216 au total. Un nombre égal de colonnes soutenait autrefois les balustrades elles-mêmes. Le fait que chaque section mesure 54 phyeam, une unité de mesure composée de quatre coudées de 0,43545 mètre de long, ajoute encore à la signification numérique et logique du pont ouest d’Angkor Vat. Ainsi, en coudées locales, les deux sections du pont ont une longueur de 432 coudées, ce qui a été interprété comme une représentation fractionnelle d’un Kali-yuga de 432.000 ans.

Chaque mesure et chaque séquence de chiffres à Angkor Wat et Angkor Thom reflètent délibérément le temps cyclique tournant autour d’un axis mundi vu sous l’angle du mont Meru. Cela soulève à nouveau la question de savoir si, quelque part dans la région de l’Altaï-Baïkal, que l’on peut considérer  comme le point de naissance hypothétique de la civilisation humaine, il existait un lieu d’origine commun pour l’interconnexion entre les séquences de nombres cosmiques et les cycles célestes impliquant le soleil, la lune et les étoiles. Si tel est le cas, pourrait-on l’identifier aujourd’hui ? Pourrions-nous trouver la véritable source du système calendaire Altaï-Baïkal ?

LA SOURCE DE L’IMMORTALITÉ

L’une des raisons possibles est la nature de l’amrita, l’ambroisie ou le nectar des dieux, présenté dans le Samudra Manthan, le Barattage de l’océan lacté. Tout porte à croire que l’amrita, source d’immortalité pour les dieux et les asuras, a été créée grâce à l’intervention de la lumière de la lune. Dans l’Inde ancienne, la lumière de la lune était capable d’imprégner d’une qualité spéciale l’eau prélevée dans certains bassins, certaines cascades et certaines rivières. C’est ainsi qu’est née l’amrita, capable de conférer la longévité à celui qui la boit. Ainsi, l’eau exposée à la lumière de la lune d’une manière prescrite était considérée comme la clé de l’immortalité, une constatation qui confirme adéquatement le lien entre l’histoire du barattage de l’océan lacté sur le mont Meru et le suivi des cycles d’éclipses basé sur des observations à long terme de la lune, comme le cycle d’éclipses triple saros de 54 ans.

Ces notions cosmologiques profondes sont-elles nées chez les peuples du paléolithique supérieur de la région de l’Altaï-Baïkal ? Ont-elles été transportées vers l’ouest jusqu’à Gôbekli Tepe, dans le sud-est de l’Anatolie ? Ont-elles ensuite été reprises par les premiers habitants de la ville voisine de Harran, qui ont conservé la connaissance du cycle des triples éclipses de saros jusqu’à l’époque classique ? Enfin, les Chaldéens, habitants de Harran et de la proche Sanliurfa, ont-ils hérité de la connaissance de séquences numériques archaïques, comme les 473 040 ans qui, selon Cicéron et Diodore de Sicile, correspondent à la durée de l’enregistrement du mouvement des étoiles ?

Ce nombre, semblable à ceux qui composent les cycles yuga puraniques, dérive très probablement de multiples cycles temporels solaires et lunaires, y compris le cycle caniculaire de 1460/1 ans et le système calendaire Altai-Baikal de 216 et 432 ans, qui ont très probablement trouvé leur origine dans le centre-sud de la Sibérie, il y a au moins 24 000 ans, et sans doute bien plus tôt encore.

De plus, tout porte à croire que nombre de ces idées cosmologiques, basées sur le temps cyclique, se sont ensuite retrouvées dans la vallée du Nil, en Égypte, en passant par le monde néolithique pré-poterie de Göbekli Tepe. C’est là qu’elles se sont allées.

Aventure d’un mythe : le barattage du Nil et du Gange, de l’Himalaya à Bigheh

Temple d’Isis à Philae

L’île de Bigheh, aux confins du désert de Nubie, formait (avant la construction du barrage d’Assouan puisque, depuis, tant Bigheh que Philae sont définitivement submergées: on sait que le temple de Philae a été démonté et remonté avant la mise en eau du barrage sur l’île d’Aegilka, hors d’atteinte des eaux) une grosse masse rocheuse aride dont les bords tombaient en pente raide sur le fleuve. Cette configuration montagneuse est maintes fois rappelée dans les textes qui désignent le lieu soit par l’expression de «haute montagne ». Toutes ces désignations sont équivalentes et nous retiendrons surtout la désignation de l’île du tombeau osirien comme une montagne. Or la représentation faite sur le mur nord de la porte d’Hadrien à Philae montre qu’à l’intérieur de cette montagne se trouve une caverne où sont localisées les deux sources du Nil, divinisé et personnalisé. Si les qualificatifs de (haute montagne de Bigheh) «deux fois cachée, deux fois secrète» font allusion à cette dualité, l’occultation mentionnée s’applique tant à l’invisibilité de l’eau des sources qu’au dieu caché: à la fois Nil et Osiris. Diverses inscriptions confirment l’identification du Nil (« Père des Dieux » dispensateur de l’Eau de Vie »,… seigneur de la rosée… et de la viridité de la terre) et d’Osiris. Si le Nil est figuré dans la caverne en train de verser deux récipients, Osiris est crédité, dans l’Abaton, de deux jets d’eau qui jaillissent de sa cuisse : l’une et l’autre de ces représentations sont les symboles des sources d’où provient la crue providentielle comme l’attestent maintes inscriptions données par Junker dans le compte rendu de ses recherches.

Lire la suite Aventure d’un mythe : le barattage du Nil et du Gange, de l’Himalaya à Bigheh

Le bol et la bulle : apologie du vide ou le barattage du monde

Le quatrième vase : à paraitre

Notre enquête sur le Graal.

Nous savons que d’après le Mahâvarnsa, le symbole de la bulle s’est spontanément imposé à l’architecte du grand stûpa (que soit Angkor ou Borobudur). Un texte bouddhique fait de la coupe, exactement du bol du Bouddha, le prototype du stûpa. Voici ce que nous rapporte le célèbre voyageur Hivan Tsang : « En ce temps-là le Bouddha, après avoir donné à ses deux… premiers disciples laïques, une boucle de ses cheveux et des rognures de ses ongles, leur enseigna la façon de vénérer ces reliques. Il prit ses trois vêtements, les plia en carré et les empila sur le sol… puis, retournant son bol à aumône, il le plaça par dessus et planta sur le tout son bâton de mendiant. « C’est ainsi, dit-il, qu’on fait un stûpa » et c’en fut le premier modèle ».

Lire la suite Le bol et la bulle : apologie du vide ou le barattage du monde

Dionysos deux fois né et le barattage du vin

Symbole de mort et de résurrection, Dionysos a influencé les cultes méditerranéens jusqu’à l’émergence du christianisme qu’il préfigure à plus d’un titre.

Fils d’un dieu et d’une princesse mortelle, Dionysos instaura un lien crucial entre l’humain et le divin. Force d’une nature cyclique et débridée, il arrachait hommes et femmes à eux-mêmes par le truchement de l’ivresse. Dionysos, intermédiaire avenant quoique déchaîné et dangereusement ravissant, représente un des paradoxes indissolubles de la vie. Le fait que l’on associe Dionysos au vin illustre bien ce paradoxe. Le vin est une boisson délicieuse aux propriétés thérapeutiques, mais il rend ivre. Il apporte libération et extase mais, comme toute expérience initiatique, il présente aussi le risque d’une perte de contrôle et de l’identité.

Lire la suite Dionysos deux fois né et le barattage du vin

Le barattage du monde : une perpétuelle création

Angkor Wat temple complex in Cambodia representing the sacred Mount Meru of the Hindu religion.

Deux sites majeurs incarnent et traduisent dans la pierre ce mythe, sans doute l’un des plus anciens : La pyramide de Gizeh et le Temple d’Angkor Vat. Nous allons voir et comprendre comment et pourquoi.Le barattage est à l’origine de nombreux sous mythes ou mythèmes en rapport avec la miction et l’obtention du nectar comme celui du Graal. Il est également lié à la représentation de l’axe du monde (axis mundi) par le biais de Mandara qui sert à enrouler les cordes (serpents) afin de le faire tourner pour le barattage ce qui donne le château tournant de l’épisode chevaleresque de Lancelot par ailleurs.

Lire la suite Le barattage du monde : une perpétuelle création

Xvarnah ou les secrets de la Pierre cubique

Dans l’imaginaire de l’Iran antique, il est une terre originelle que l’imagination active mazdéenne a transmuée en symbole et centre de l’âme, une terre intégrée aux événements spirituels dont l’âme est la scène. Cette terre, perçue comme située en Erân Vêj, c’est-à-dire à l’origine et au centre de toutes choses, flamboie aux aurores en ses hauts sommets tandis que des torrents d’eau vive dévalent leurs pentes où poussent des plantes d’immortalité.

la fontaine vive

En ces sommets de la terre originelle, qui est aussi centre de l’âme, ont lieu les hiérophanies de Xvarnah. Xvarnah est « un feu et un fluide vital qui, émané du soleil, se communiquait à l’eau, aux plantes, aux animaux et aux hommes pour culminer dans le roi et se manifester en auréole… ». Une puissance, une énergie de lumière sacrale, « qui fait jaillir les sources, germer les plantes, vaguer les nuages, naître les humains, illuminer leur intelligence » et « les investit d’une force surnaturelle les revêtant d’une dignité hiératique » pour Henry Corbin, qui traduit cette notion de Xvarnah par « Lumière-de-Gloire », alors que d’autres propose le terme de « semence ». Xvarnah est un terme délicat à traduire. Il recèle une vision énergétique des rapports paradoxaux qu’entretiennent l’eau et la lumière, entendue à la fois comme feu céleste et feu spirituel. Il est à la fois humidité vivifiante, fécondante et éclat, scintillement. Il est l’essence même de la géométrie des Muqarnas et d’une conception de l’espace qui nous est étrangère mais que nous allons tenter de comprendre.

Lire la suite Xvarnah ou les secrets de la Pierre cubique

Le 9 ème anneau : l’anneau et la règle

Les Seigneurs de l’Anneau des Scythes royaux constituèrent la souche principale de laquelle naquirent les rois de la Tuadhe d’Anu d’Irlande avec au final le Roi Arthur et de nombreuses cultures sumérienne, hittite, mitanni (hourrite), phénicienne et phrygienne. L’empereur byzantin du VIle siècle, Justin II de Constantinople (685-695), y fait référence en ces termes : « Les plus anciennes races du monde — encore plus anciennes que les Égyptiens ». Plus de mille ans plus tôt, l’historien grec Hérodote (environ 484-425 av. J.-C.) écrivit longuement sur les Scythes, expliquant qu’à l’époque, une région particulière des terres de la mer Noire de Scythie était connue sous le nom de Sarmatia.

Les Sarmatiens ressemblaient beaucoup aux Scythes, puisqu’ils étaient une race parente et noble, retournée sur sa terre d’origine après quelques siècles passés dans les régions mésopotamiennes et perses. Comme le rapporte Hérodote, leur langage était très semblable, de même que leur habillement et leur aptitude à l’équitation, mais contrairement aux Scythes, leurs guerriers étaient des deux sexes. L’armure des Sarmatiens était constituée de petites plaques de bronze ressemblant à des écailles, qui se ternissaient et devenaient verdâtres avec le temps, ce qui donnait aux guerriers l’apparence de lézards. Or, le géographe grec du II è siècle, Pausanias, parle de dragons en ce qui les concerne. Dans l’ensemble, la cavalerie de Sarmatia consistait en de formi­dables archers à cheval et de lanciers, mais ils étaient aussi les défen­seurs de la culture rituelle de l’épée, développée par la tribu de ferronniers scythes des Kalibs. Ce nom est en fait à l’origine de celui de la légendaire épée magique du roi Arthur, Caliburn (Kalyburn, ou Excalibur (Ex-Kalyburn). Une des plus célèbres légendes relatives à l’épée scythe raconte que le héros Batradz ayant été blessé à mon demanda à ses compagnons de jeter son épée dans un lac. À deux reprises, ils prétendirent l’avoir fait, Batradz savait qu’ils avaient échoué. Dès qu’ils accomplirent son souhait, l’eau devint rouge sang et prise de remous 3. Dans la célèbre Morte d’Arthur de Sir Thomas Malory, en 1485, c’est le chevalier Bedevere qui par deux fois déso­béit au roi Arthur de la même manière, mais quand il finit par se résoudre à lancer Excalibur dans l’eau, l’épée est mystérieusement attrapée par la Dame du Lac.

La première bannière militaire des Sarmatiens était un dragon, dont le porteur était appelé le Draconarius, mais cet emblème fut ensuite dérobé par les légions romaines de l’empereur Marc Aurèle à la suite d’une victoire sur les Sarmatians de Hongrie, en 175 apr. J.-C. Peu après, de nombreux captifs furent transportés en Grande-Bretagne où ils furent ajoutés aux forces romaines de Lucius Artorius Castus, devenant ainsi la première unité de cavalerie lourde de l’armée impériale. À la suite du retrait des troupes romaines de Grande-Bretagne, en 410 apr. J.-C., les dirigeants régionaux redevinrent des chefs de clans, et l’un d’entre eux, Vortigern de Powys, était un roi gallois. Ayant assumé le plein contrôle de la région à partir de 418 apr. J.-C., Vortigern fut élu Pendragon de l’Île (Pen Draco Insularis) sept années plus tard. Il réintroduisit dans la bannière le symbole sarmatien, devenu par la suite le célèbre Dragon Rouge du drapeau national du pays de Galles. La liste des pandragons est donné dans notre ouvrage.

L’ANNEAU DE TOLKIEN

La mythologie du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien peut, à des fins utiles, être perçue comme une intuitive parabole d’une répression gouvernementale et une quête combative pour la liberté et la justice. C’est avant tout l’histoire d’une souveraineté territo­riale et d’un pouvoir tombé dans de mauvaises mains, un pouvoir ténébreux qui doit être détruit pour rendre, à la Terre du Milieu blessée, son ancienne équanimité. À sa façon, l’histoire rappelle le précepte fondamental de la tradition du Graal qui établit que, lorsque la blessure du Roi Pêcheur sera guérie, le Désert retrouvera alors sa fertilité. Bilbon a dérobé l’Anneau d’une étrange créature souterraine du nom de Gollum, et lorsque Gandalf l’examine, il découvre qu’il est effectivement l’Anneau de Sauron, l’Anneau Unique qui doit lier tous les autres dans un pouvoir ultime. Entre-temps, les forces ténébreuses ont été chassées des forêts par les Elfes, mais elles se regroupent à l’est, dans le territoire de Sauron où elles complotent pour le retrouver mais nous abrégeons car le reste est trop connu.

SILMARILLON C’est dans cet ouvrage resté inachevé que J.R.R. Tolkien donne la clé de son oeuvre.

L’histoire de Tolkien débute avec Bilbon Sacquet, un Hobbit qui a acquis un Anneau magique capable de rendre son porteur invi­sible. L’ayant légué à son héritier, Frodon Sacquet, Bilbon disparaît rapidement lors de son 111e anniversaire. Gandalf le magicien est inquiet car il suspecte l’Anneau d’avoir été forgé longtemps aupara­vant par le maléfique Sauron et d’avoir une influence néfaste sur l’environnement de la Terre du Milieu. En effet, la sublime forêt de Greenwood la Grande a été assiégée par des forces oppressives pour devenir Mirkwood.

Bilbon a dérobé l’Anneau d’une étrange créature souterraine du nom de Gollum, et lorsque Gandalf l’examine, il découvre qu’il est effectivement l’Anneau de Sauron, l’Anneau Unique qui doit lier tous les autres dans un pouvoir ultime. Entre-temps, les forces téné­breuses ont été chassées des forêts par les Elfes, mais elles se regrou­pent à l’est, dans le territoire de Sauron où elles complotent pour retrouver l’Anneau. Le reste est connu.

L’anneau elfique

Historiquement, l’Anneau était le symbole de la justice divine qui était mesurée par le Bâton. Sur d’anciennes représentations, la déesse sumérienne Lilith et le dieu babylonien Mardouk sont présentés portant les symboles du Bâton et de l’Anneau. Elles sont conformes à d’autres portraits de rois et de reines mésopotamiens, comme ceux de la Stelae de Shamash et Ur-Nammu du IIIe millénaire av. J.-C. Dans certains cas, le Bâton est clairement gravé d’unités calculables (comme une règle moderne) et à Babylone, on y faisait référence comme étant la Règle. Celui qui détenait la Règle était appelé « diri­geant », c’est l’origine de ce terme gouvernemental. La règle est moins un instrument de mesure qu’un instrument de pouvoir : celui sait mesurer a le pouvoir.

Aux alentours de 4 000 av. J.-C., l’Anneau était le premier objet des dieux Anounnakis que l’on disait descendus de l’ancienne Sumer et qui étaient responsables de l’établissement d’un gouver­nement municipal ainsi que de la pratique de l’exercice royal. Ainsi, il est pertinent de remarquer que lorsque le professeur Tolkien était interrogé sur l’environnement de la Terre du Milieu du Seigneur des Anneaux, il répondait qu’il le situait aux abords de 4 000 av. J.-C.  « Le pot de la soupe (le chaudron de l’histoire) a toujours été en ébullition », dit-il, « et de nouveaux ingrédients lui ont été ajoutés ». À cet égard, les sources de l’histoire populaire de Tolkien étaient (d’après sa grande connaissance de l’anglo-saxon) directe­ment extraites du folklore saxon, et ce concept n’était pas nouveau.

En effet, l’ancien dieu saxon, Wotan (Odin) — l’équivalent du dieu sumérien Anu — était supposé avoir régné sur les Neuf Mondes des Anneaux — possédant lui-même le Neuvième Anneau (l’Anneau Unique) qui gouverne les huit autres. La propriété contestée de l’Anneau Unique, telle que racontée dans le Seigneur des Anneaux diffère peu de l’immuable quête du Saint Graal. Ces deux quêtes visent le maintien de la souveraineté. Mais que ce soit dans les faits ou dans la fiction, l’Anneau et le Graal sont considérés comme inappropriés par ceux qui les voient comme des armes de pouvoir. D’où la nécessité (dans leurs histoires respectives) de protéger l’accès au Graal par des épreuves difficiles, tout comme il était essentiel de conserver l’Anneau Unique hors de portée du maléfique Sauron du Mordor.

Au cours du passage de l’ère de l’ancienne Mésopotamie à celle de l’Égypte, l’idéal d’une royauté dynastique s’est diffusé dans les terres méditerranéennes jusqu’aux Balkans, la région de la mer Noire et l’Europe. Mais l’essence cruciale de l’ancienne sagesse a été perdue au cours de cette propagation. Cela donna naissance à des dynasties qui ne provenaient pas de la race royale originelle. Au lieu de cela, beaucoup de leurs dirigeants étaient des chefs de guerre sans aucune filiation, qui avaient gagné leur trône à la force de l’épée.

La culture sacrée des anciens était, malgré tout, rattachée à la lignée messianique du roi David de Judée (1008 av. J.-C.), dont l’importance découlait de son héritage pharaonique, et non d’une filiation avec Abraham et la souche Sémite, comme on l’a souvent dit. C’est en raison de cet héritage particulier que le fils de David, Salomon le Sage, fut à même d’édifier son projet de Temple de style égyptien à Jérusalem. Ce qui mena à un renouveau de la Terre sainte pharaonique à une époque où l’Égypte était assiégée par des forces extérieures, provenant tout d’abord de Libye, de Nubie et de Kush, et ensuite de beaucoup plus loin. De ce fait, les arrangements du mariage traditionnel des pharaons et des princesses donnaient lieu à des alliances diplomatiques.

à suivre et attendant vous avez mes livres ici

autres articles :

à voir ici pour commander

De la scythie aux côtes armoricaines : réalité de la légende arthurienne

Le dragon qui accompagnait les troupes sarmates partout où elles allaient. Ce fut la naissance de la chevalerie (avec des femmes)

L’ombre des cavaliers sarmates (lointains descendant des scythes d’Asie centrale et surtout connu pour les amazones qui en sont une composante essentielle) de l’île de Bretagne se profile à l’arrière-plan de l’un des mythes majeurs de l’Occident médiéval : le cycle légendaire « arthurien ». Des disciplines et des méthodes différentes concourent à en mettre un certain nombre d’indices en valeur. Sur un plan strictement historique, il n’a existé ni « roi Arthur », ni, bien sûr, « chevalerie » de la Table Ronde. Mais le mythe élaboré au Moyen Age repose sur une réalité que l’on discerne assez bien: celle d’une troupe de cavaliers d’élite, peut-être commandée par un chef de guerre (dux bellorum) du nom d’Arthur, et qui aurait servi les chefs romano-bretons des V’-VI’ siècles dans leur résistance aux incursions pictes et à la lente invasion saxonne. On s’accorde à penser que cette troupe était modelée sur la cavalerie « romaine » tardive stationnée en Grande-Bretagne, voire qu’elle en était un prolongement direct.

Or, ladite cavalerie était pour le moins hétérogène, et l’on a vu que les Sarmates en étaient une composante permanente depuis la fin du II’ siècle. Rien ne permet de penser que toutes les unités sarmates aient suivi les usurpateurs Maxime puis Constantin dans leurs équipées gauloises respectives de 383 et 407, ou aient été transférées en Italie lors du rappel de 402. Certaines sont nécessairement demeurées sur place et se sont progressivement fondues dans les populations romano-bretonnes après l’« abandon » de l’île par l’empire en 410. On imagine bien que ces Sarmates en voie d’assimilation, guerriers héréditaires, aient monnayé leurs aptitude- militaires auprès des chefs locaux. Ils ont pu contribuer à former leur cavalerie, peut-être notamment une cavalerie cuirassée qui aurait laissé un souvenir marquant dans la mémoire insulaire.

Lire la suite De la scythie aux côtes armoricaines : réalité de la légende arthurienne

Science et hermétisme